D’origine libanaise, née et élevée en Afrique, Renwa Yassin grandit en jonglant entre deux cultures, deux pôles intellectuels et émotionnels qu’elle a vite fait de synthétiser. La jeune créatrice qui dit être influencée par tout ce qui l’entoure exprime surtout sa fascination pour les modestes couturières africaines et libanaises qui réinterprètent les pièces patrimoniales en y introduisant des techniques personnelles et en bricolant des matières organiques et naturelles pour les personnaliser. « J’essaie de regarder leur mode de travail. L’artisanat et la durabilité sont les valeurs fondamentales de ma marque. J’apprends de ces femmes et j’utilise ces compétences dans de nouvelles techniques modernes orientées vers la nouvelle génération », nous confie-t-elle. Le métissage qu’elle a déjà dans l’âme s’exprime naturellement dans sa production et donne lieu à des collages qui sous d’autres aiguilles paraîtraient étranges, mais chez elle coulent de source, comme cette chemise surdimensionnée assortie d’un paréo à franges longues. Ailleurs on trouvera des vestes de tailleur largement ouvertes sur la poitrine, les revers remplacés par de grands foulards qui flottent sur les épaules au gré du vent. Tout aussi irrésistibles, des ensembles de jupes courtes drapées agrémentées de volants et de petits hauts croisés à falbalas redessinent à eux seuls, en corail délavé, des paysages solaires. Le macramé ficelle s’impose en accessoire précieux, transformant en jupe le bas d’une chemise longue sur lequel il se gaine. Il peut aussi jouer en solo la partie sensuelle haut-jupe longue ajourés, pourquoi pas avec un sac de plage de même facture qui va forcer un impression op’art surgie d’un mirage de sable au bord de la mer. Dans le même esprit à la fois organique et urbain, on aimera les sarouels en tissu plissé rose bourgeon et les découpes asymétriques des hauts qui les accompagnent, de la même matière florale et dans la même dynamique d’une éclosion en cours.
Renwa Yassin, qui affirme adresser ses créations à « une femme qui a de l’âme et ne se prend pas au sérieux, spontanément séduisante bien qu’attachée à la beauté des détails, même dans leur imperfection », fait du métissage et des mariages culturels, mais surtout de la durabilité, ses chevaux de bataille. Elle affirme travailler la mode comme un mode d’expression et un outil de liberté. Consciente de la pollution générée par cette industrie qui représente l’un des principaux dangers pour le climat, elle fait partie de cette génération qui rêve de faire expier au vêtement des décennies de ravages en le pliant à l’éthique du recyclage, du surcyclage et de la production limitée.
Habituée aux allers-retours entre la Côte d’Ivoire et le Liban, la créatrice s’attache à revenir à sa seconde patrie aussi souvent que possible, « pour la beauté des petites ruelles cachées, pour la légendaire “joie de vivre” des Libanais qui parviennent à trouver de la joie et de la positivité malgré tout ce qu’ils endurent ». Renwa Yassin, on n’oubliera pas ce nom, envisage de se lancer un jour dans le développement d’une ligne d’accessoires, au-delà des pièces qu’elle réalise déjà pour compléter un ensemble ou l’autre. La fraîcheur de cette collection donne envie d’en voir davantage.
REFERENCE:
https://www.lorientlejour.com/article/1258253/renwa-yassin-entre-deux-continents.html